Les ingénieures et ingénieurs jouent un rôle de premier plan dans le façonnement des milieux bâtis. À travers leur participation à la conception, la construction, la gestion de projet et bien plus, c’est notre expérience et notre rapport à l’environnement qu’ils transforment, apprenant du travail de leurs prédécesseurs et s’en inspirant pour trouver des solutions innovantes, durables, adaptées au monde dans lequel nous vivons et répondant aux défis environnementaux actuels et à venir. Depuis près d’un siècle, notre équipe Ponts et ouvrages d’art crée des liens vitaux entre les collectivités en concevant des ponts, ces structures qui, une fois érigées, façonnent le paysage pour des décennies. Mais quels sont les éléments sur lesquels se basent nos expertes et experts pour concevoir un pont dont la durée de vie envisagée est d’environ un siècle ?

Repousser les limites de l’ingénierie

Pour le nouveau pont de l’Île-d’Orléans qui reliera la rive nord du fleuve Saint-Laurent à l’île, la structure devait être élégante, équilibrée et épurée, mettre en valeur le paysage naturel, culturel, historique et patrimonial de la région, et surtout, pouvoir résister aux effets des changements climatiques. S’étant vu confier la réalisation de l’étude d’avant-projet définitif du pont par le ministère des Transports du Québec en octobre 2020, le Groupement Origine Orléans, composé notamment d’EXP, d’autres firmes d’ingénierie renommées ainsi que de sommités mondiales du domaine des ponts, a réussi une prouesse d’architecture et d’ingénierie en intégrant tous ces éléments à la conception. « Avec tous les experts du Groupement, nous repoussons les limites de l’ingénierie afin de trouver les meilleures solutions possibles pour construire un pont durable, en symbiose avec son environnement, et offrant une expérience améliorée aux usagers », affirme Sylvain Denis, directeur en ouvrages d’art au bureau de Sherbrooke.

Les prévisions climatiques : des données fondamentales

La pérennité d’une structure est tributaire de plusieurs facteurs, notamment une conception d’ingénierie minutieuse et l’utilisation de matériaux résistants, durables, faciles d’entretien et adaptés aux conditions climatiques locales. Pour la conception de ce pont, ce sont les prévisions climatiques pour le siècle à venir qui ont été prises en compte. Les experts se sont basés sur les données cumulées dans le passé pour prédire les tendances du futur et trouver des solutions aux défis actuels et futurs liés aux changements climatiques. « Les changements au niveau des cycles de gel-dégel ainsi que l’affouillement graduel du sol marin prévus sont des exemples de facteurs dont il fallait tenir compte. Sachant que les modifications aux cycles de gel et de dégel entraineront une augmentation du niveau de l’eau dans ce secteur et l’expansion de la zone inondable, le projet comprendra également le rehaussement de la route menant au pont. L’affouillement prévu de 15 mètres du sol marin d’ici 100 ans entrainera quant à lui des changements au niveau des conditions et des charges auxquelles seront exposés les éléments de fondation et de soutien de la structure du pont. Il a donc fallu les concevoir de manière à ce qu’ils puissent conserver leur intégralité malgré ces changements et le passage du temps », explique Sylvain.

L’art de l’ingénierie, c’est l’art de comprendre, de penser et de conjuguer les milliers de particularités d’un projet, tout en pensant au futur. Et la conception du nouveau pont de l’Île-d’Orléans est un exemple inspirant de la façon dont les ingénieurs réussissent à bâtir pour demain, aujourd’hui.

*Paru initialement dans notre magasine expresso : concevoir demain